Pero en fin dónde estamos
Abrillanto con dos dedos el vello de la vidriera
Un grifo transparente pasa la cabeza
A través no reconozco el barrio
La tarde cae está claro que vamos desde hace mucho tiempo a la aventura
Suavemente suavemente veamos
Yo os digo que había una placa ahí a la izquierda
Calle qué Calle-donde-puede-ser-otorgado-el-derecho-a-la-buena-querida
Mil setecientos francos al contador es una locura
Qué esperáis para consultar vuestro plano en nombre de Dios
Pero el chófer parece salir de un sueño
Con la cabeza vuelta hacia la derecha lee en voz alta
Calle-de-las-queridas-buenas-almas
Pues bien
Eso no le causa ni frío ni calor
Más bien habla de emprender de nuevo la carrera
Tiene ya la mano en su sombrero
He olvidado a dónde íbamos
Entramos en un tugurio apolillado
Es preciso apartar groseras cortinas de gasa gris
Como las bayahondas de Haití
En el mostrador una alada mujer desnuda
Vierte sangre en vasos de eclipse
Las etiquetas de las botellas llevan las palabras Libres Pecadores Gondina se diría aguardiente de Dantzig Evita de Martínez
Y las cajas de puros resplandecen con imágenes de refriegas
La maravilla de la pared es un abanico de suspiros
Señora estamos todavía lejos de Corhimenco
Pero la dama del matorral ardiente se mira en sus uñas
Unos jugadores al fondo de la habitación derriban acantilados de vidrieras
Retrocedemos
La carretera está bordeada de casas en construcción
En las que apunta el pistilo y se despliegan en forma de lámpara de arco los estambres
Je reviens
Mais enfin où sommes-nous
Je lustre de deux doigts le poil de la vitre
Un griffon de transparence passe la tête
Au travers je ne reconnais pas le quartier
Le soir tombe il est clair que nous allons depuis longtemps à l'aventure
Doucement doucement voyons
Et moi je vous dis qu'il y avait une plaque là à gauche
Rue quoi Rue-où-peut-être-donné-le-droit-à-la-bonne-chère
Et dix sept cents francs au compteur c'est insensé
Qu'attendez-vous pour consulter votre plan nom de Dieu
Mais le chauffeur semble sortir d'un rêve
La tête tournée à droite il lit à haute voix
Rue-des-chères-bonnes-âmes
Eh bien
Ça ne lui fait ni chaud ni froid
Bien mieux il parle de reprendre la course
Il a déjà la main sur son drapeau
Où allions-nous j'ai oublié
Nous entrons dans un tabac vermoulu
Il faut écarter d'épais rideaux de gaze grise
Comme les bayahondes d'Haïti
Au comptoir une femme nue ailée
Verse le sang dans des verres d'éclipse
Les étiquettes des bouteilles portent les mots Libres Pêcheur Gondine on dirait de l'eau-de-vie de Dantzig Evita de Martines
Et les boîtes de cigares flamboient d'images d'échauffourées
La merveille au mur est un éventail à soupiraux
Madame sommes-nous encore loin de Chorhyménée
Mais la belle au buisson ardent se mire dans ses ongles
Des joueurs au fond de la pièce abattent des falaises de vitraux
Nous rebroussons
La route est bordée de maisons toutes en construction
Dont pointe le pistil et se déploient en lampe à arc les étamines
André Bretón, “Oublies/Olvidados”, en Poemas II, trad. M. Álvarez Ortega (Madrid: Visor Libros, 1993), 192-5.